LES MOITIERS-D’ALLONNE

 

 

A - Sources manuscrites

Ancien Régime

 

Visites archidiaconales

 

(tissu)

- 28 juin 1724, Saint-Pierre-d’Alonne, p.17 bis : on nous a fait remarquer un voille pour la grande croix servant pendant le Caresme où nous avons trouvé six figures toutes ridiculement faites aux deux costés de la croix, plus propres à faire rire qu’à exciter la dévotion (rayé : nous y avons aussi remarqué la figure du saint suere qui nous a paru mal placé) pourquoi nous disons qu’elles seront effacées faute de quoy nous interdirons l’usage dudit voile et deffendons au sieur curé et M. le vicaire de souffrir qu’il soit exposé.

- 1er septembre 1739, Saint-Pierre-d’Allonne, p.34, vers 7h 30 : nous ordonnons pareillement qu’il sera fourni une aube et une ceinture.

- 24 avril 1745, Saint-Pierre d’Allonne, p.14 : nous avons trouvé les ornements assez mal ploiés ainsy que les linges de l’église non baleiés ;

- 27 juillet 1751, Saint-Pierre-d’Allonne, p.31 bis : il y a peu de linges pour l’usage de l’église, cependant suffisamment à ce qu’on nous a dit ;

- 24 juillet 1752, Saint-Pierre d’Allonne, p.28 bis : les linges sont en petite quantité…l’armoire des ornements est en mauvais état, il est nécessaire d’y mettre plusieurs planches dans le bas pour empêcher l’humidité. Lesdits ornements sont tous en état de servir ;

- 13 septembre 1765, Saint-Pierre d’Allone, p.75 bis : l’autel de la chapelle saint Jacques restera toujours interdit faute de décoration.

 

- 25 juillet 1716, Notre-Dame d’Alonne, p.22 bis : le sr curé (Jean-Baptiste Navarre) y avait encore donné cette année  plusieurs ornements, sçavoir deux tuniques et deux chappes rouges.

- Notre-Dame d’Allonne, 1783, p.125 : les linges ne sont point en quantité suffisante, nous ordonnons de fournir deux nappes d’autel neuves, douze purificatoires, six manuterges. Les ornements sont en bon état ; il est cependant nécessaire de faire réparer deux anciennes chasubles qui sont déchirées dans le devant, dont l’une fond blanc et l’autre vert et blanc.

 

De 1789 à la Séparation de l'Eglise et de l'Etat

 

Conférences ecclésiastiques (archives diocésaines Coutances)

 

Paroisse Saint-Pierre d’Allonne

L’église fut complètement dévastée. 

Un seul ornement (chasuble) fut conservé par le courage et l’énergie d’une femme de la paroisse qui l’arracha des mains des agents, les menaçant d’employer les armes contre eux s’ils ne cédaient. 

Eglise abandonnée de 1804 à 1825.

Les deux paroisses, Notre-Dame des Moitiers et Saint-Pierre d’Allonne essayèrent chacune d’obtenir le titre de succursale.

 

Paroisse de Notre-Dame d’Allonne

Livraison de 1866

En 1789, Marie Léonor Le Terrier des Fontenelles était curé. Il était le neveu d’un autre curé Le Terrier décédé en 1785 comme curé des lieux. Il prêta serment, resta sur place et reprit le culte ensuite, en premier lieu dans la chapelle des seigneurs Dubreuil. Il meurt le 4 octobre 1804. Il avait acheté le presbytère et souhaitait le rendre à la commune contre un petit dédommagement pour ses héritiers. Cependant, la commune ne fut pas assez active et les héritiers s’emparèrent de la maison.

 

« A cette lamentable époque, l’église de Notre-Dame perdit deux de ses cloches qui furent portées à Valognes. Elle vit tomber les croix qui surmontaient les pignons, elle fut dépouillée de tous ses ornements et les statues furent abattues : l’église fut convertie en magasin et l’on vit suspendu à la perche le quintat qui pesait le blé aux habitants. M. Le Terrier sauva le calice et la lampe et dans des jours heureux les rendit à leur première destination. »

 

Sur la chapelle : « cette chapelle qui existe encore n’est plus qu’à l’usage de cellier. »

 

Entre 1807 et 1822, toujours signalée comme pauvre en ornements.

Nicolas Mabire du Breuil, prêtre, revint vivre dans sa paroisse en 1831 ; il y meurt en 1866 léguant avant de mourir, les objets de sa chapelle à l’église de Notre-Dame. 

La situation de l’église ne s’améliore qu’à partir de 1844, avec l’abbé Louis. Dans les années 1844, 1845 et 1846, nous le voyons acheter des chandeliers pour les autels, des ornements pour le culte, faire peindre et dorer les petits autels. 

 

300 J 564, aux arch. dép. de Saint-Lô : en fait, les deux boîtes concernent la paroisse St-Pierre, et il y a un dossier qui concerne ND et qui a sa propre numérotation ; vus

 

Boîte 1, art. 1 à 67

 

Art. 3 : la confrérie de saint Joseph de Beauvais date de 1865 à ND

 

Art.7 : inventaire de ND,  en 1874

10 chasubles, dont 4 neuves et les autres anciennes

6 chapes, dont 3 noires et les autres de toutes couleurs

8 nappes d’autel, dont 2 pour les grandes fêtes

4 aubes pour les solennités

18 amicts

6 cordons

4 rochets

3 surplis

 

Art. 10 : la confrérie du Rosaire date de 1853 à ND

 

Art.19 : privilège sur l’autel majeur, en 1899, puis 1913

 

Art. 35 : plan de la cour de la grange aux dîmes et du presbytère de Saint-Pierre d’Allonne

 

Art. 59 : le 12 décembre 1825, St-Pierre d’Allonne est érigée en succursale, en vertu d’une ordonnance royale du 12 mai 1825.

 

Art. 60 : le 1er janvier 1826, la fabrique de St-Pierre d’Allonne demande au Maire des Moitiers d’Allonne de faire rapporter dans les deux jours « tous les ornements et autres objets appartenant à l’église succursale Saint-Pierre », qui avaient été emportés à ND.

 

Art. 61 : Le 24 janvier 1827, le roi Charles X autorise la fabrique de St-Pierre « à rentrer en jouissance de l’ancien presbytère. Après la Révolution, l’église ND était devenue succursale (loi du 18 germinal an X, soit 8 avril 1808). Jean-Baptiste Duval est celui qui promet l’argent suffisant pour payer un prêtre, mais il y a aussi besoin de gros travaux au presbytère et à l’église. Il meurt en 1839, après avoir continuer à donner beaucoup pour cette paroisse, mais les enfants ne veulent ni ne peuvent continuer en suite.

Ils demandent :

« 1°. Que l’acte de donation dont nous venons de parler cesse immédiatement d’avoir son effet ;

2°. Que l’église de St-Pierre soit conservée pour l’exercice du culte sous le titre de succursale ;

3° et que le traitement du desservant de cette succursale soit comme celui de tous les ecclésiastiques du même ordre prélevé sur les fonds de l’Etat.
La commune des Moitiers-d’Allonne dont l’étendue territoriale est de 1712 hectares et dont la population  est de 1114 habitants mérite cette faveur. Les deux églises sont aujourd’hui en très bon état et pourvues des vases sacrés et de tous les ornements utiles à la célébration du culte.

Les deux presbytères dont elle a aussi la propriété ne laissent non plus rien à désirer. »

 

Art.62 : mémoires de dépenses en gros œuvre faites au presbytère et à l’église.

 

Art. 67 : document officiel de Mgr Guérard : « Ayant été informé que l’église paroissiale de St-Pierre-d’Allonne est tombée en ruines et que la population est dans l’impuissance de la reconstruire, voire même de la restaurer, après avoir pris conformément au droit l’avis du vénérable chapitre de notre église cathédrale, le saint nom de Dieu invoqué, nous avons supprimé et par les présentes, nous supprimons la paroisse de Saint-Pierre d’Allonne dont l’église est d’ailleurs contigue à celle de ND d’Allonne… » 24 février 1920

 

Art.68 : journal de campagne du sous-lieutenant Gilles Buret

 

Boîte 2, art. 69 : registre de la confrérie du Sacré Cœur de Jésus érigée à Saint-Pierre en 1851

 

Boîte 2, art. 70 : inventaire de 1905 pour St-Pierre d’Allonne

« 1° Un maître-autel en bois […] adossé contre un retable en bois, au milieu duquel est encadré un magnifique tableau représentant Notre-Seigneur Jésus-Christ remettant les clefs à saint Pierre.

2° Au-dessus du retable, 2 statues en plâtre d’anges adorateurs. De chaque côté de cet autel, 1 girandole pour cierge, une lanterne de procession, une statue (en plâtre, blanc) de saint Pierre, une statue (en plâtre, blanc) de saint Paul, un reliquaire contenant des reliques de st Pierre, un reliquaire contenant des reliques de st Paul.

3° Le tabernacle est en bois

4° Sur le tabernacle, une croix d’exposition en métal argenté ; de chaque côté, trois chandeliers argentés.

5° Deux croix de procession, l’une en métal argenté, l’autre, croisillon en vieux métal et bâton en bois

Dans le chœur

6° une statue du Sacré Cœur

7° une statue de saint Joseph portant l’enfant Jésus

8° à l’entrée du chœur, sous l’arcade, une perche en fer surmontée d’un crucifix d’un mètre de hauteur.

9° à droite du crucifix, une statue de Simon Pierre, pêcheur ; au-dessous, image du Sacré-Cœur encadrée ;

10° à gauche du crucifix, une statue de la Sainte Vierge portant Jésus

11° une pendule

Chapelles

12° à droite du transept, est la chapelle dite de la cloche :

13° un autel en bois, adossé contre un retable également en bois,

14° Au milieu de l’autel, sur le tabernacle, une statue antique (en pierre) de la sainte Vierge, portant sur le bras gauche l’Enfant Jésus et lui présentant de la main droite une pomme que l’enfant paraît impatient de posséder.

15° à droite de la sainte Vierge, une statue, en bois, de saint Jean L’Evangéliste ;

16° à gauche, une statue, en bois, de sainte Marie-Madeleine.

17° L’autel est garni de quatre chandeliers argentés et de quatre vases à fleurs ;

18° à gauche du transept, c’est-à-dire au sud, est la chapelle dite de la confrérie du saint Cœur de Marie (établie dans cette paroisse et affiliée à l’archiconfrérie du Très St et immaculée Cœur de Marie de ND des Victoires, à Paris).

Dans cette chapelle :

19° un autel, en bois, adossé à un retable (en bois) magnifiquement sculpté.

20° au milieu de l’autel, sur un piédestal, une statue de la Vierge de la médaille miraculeuse (en ciment) couronnée.

21° à droite de l’autel, une statue (en bois) de st Louis de Gonzague

22° à gauche, une statue antique (en pierre) de ste Brigitte

23° l’autel est garni de 4 chandeliers en orfèvrerie de grand prix, argentés, et de quatre vases à fleurs en porcelaine bleue et de deux bocaux de fleurs artificielles.

24° dans cette même chapelle, une lampe à pétrole avec suspension ; un confessionnal à trois compartiments (en bois, solide), la bannière de la paroisse (presque usée).

Nef

25° une chaire en bois de sapin surmontée d’un baldaquin

26° un chemin de croix, images sur papier peint à l’huile, encadrées, peu solides

27° un lustre doré à deux étages, 10 branches à l’un, 5 à l’autre

28° deuxième lustre doré à deux étages, 8 branches à l’un, quatre à l’autre

29° troisième lustre doré à sept branches

30° fonts baptismaux en pierre de taille »

31° Bancs et deux stalles de chaque côté du choeur

Il y a une cloche de 450kg en place

Sacristie

« 34° un calice tout en argent

35° un ciboire, coupe en argent

36° un ostensoir argenté

37° deux burettes avec plateau, argentés

… 39° quatre chandeliers (à bougies) argentés, dont deux de style Louis XIV

55° un voile du saint Sacrement fond rouge

56° un voile huméral moitié drap d’or fleuri

…58° 13 chapes : 3 drap d’or, 3 noires, 3 en vieille soie de diverses couleurs, 4 de célébrant dont une blanche, une violette, une en vieille soie, une noire en velours.

59° 10 chasubles avec étole… dont une en vieux drap d’or faux, deux blanches, deux rouges dont la plus belle a été donnée, 2 violettes, 2 noires, 1 verte.

77° un lutrin et trois tabourets de chantre

…92° un chapier, un chasublier

…98° un vieux tabernacle portatif

99° une petite statue de la Vierge

Tels sont les biens meubles et immeubles qui appartiennent en propriété à la fabrique sauf la chasuble rouge croix fleurs dorées et les trois beaux lustres dorés et la chape blanche et la chape violette que la fabrique n’a pas payés… »

 

ND

 

Art. 8 : délibérations de la fabrique, de 1830 à 1847

6 octobre 1839 : n’ayant aucune ressource, la fabrique décide que chaque famille paiera la restauration de son banc.

Délibération du 10 septembre 1838 montrant que la paroisse de ND n’est pas favorable à l’érection de celle de St-Pierre en succursale.

Document du 24 octobre 1860 : « J’ai l’honneur de certifier à Monsieur Dubost fils et héritier de M. Dubost peintre et doreur qui d’après le marché conclu entre la fabrique de ND concernant divers travaux à exécuter au retable de l’autel, statue et lambris du chœur, marché reconnu par le sieur Dubost fils lui-même, ladite fabrique lui reste devoir la somme de 240 francs… »

Jean Henri Dubost père était marié à Marie Adélaïde Joséphine Le Cerf ou Lecerf ; ils vivaient à Portbail. Ils ont un fils, qui s’appelle aussi Jean et qui est menuisier et qui est dit « marchand de bois du nord ». Ils se sont mariés en 1830 ; lui était veuf de Marie Brunet

 

Chemise 14 : inventaire de 1957 :

Chemise 17 : travaux à l’église Notre-Dame ; plan et élévations. A lire.

Chemise 18 : travaux à l’église, factures

 

Travail de Francis Mautalent, 1987, aux arch. diocésaines, Coutances

1869, achat de la statue de saint Sébastien, peinte par Giret, de Bricquebec

En 1982, à l’occasion de l’arasement du talus du cimetière, le maire a découvert la statue de sainte Marguerite

 

Délib du 12 mai 1824, le conseil municipal délibère sur la fusion de Notre-Dame et de Saint-Pierre en une seule paroisse. Il arrête « 1° qu’il n’y aura qu’une seule église pour la commune des Moitiers-d’Allonne 2° Qu’il sera ultérieurement statué s’il sera fait une église neuve avec les matériaux des deux églises ou si l’une des deux sera mise d’une grandeur convenable pour contenir la population. »

 

B - Sources imprimées / Bibliographie

 

Extrait de : GUIBERT (docteur Michel) : Les églises du département de la Manche de 1750 à 1820, Société d'Histoire et d'archéologie de la Manche, 2000, collection Etudes et documents, 24 (1), tome 1, vol.1, p. 173-176.

 

« SAINT-PIERRE-D’ALLONNE - La commune de Saint-Pierre d’Allonne a été supprimée et rattachée en 1818 à celle de Notre-Dame d’Allonne sous le nom des MOITIERS-D’ALLONNE. Sous l’Ancien Régime : élection de Valognes,  doyenné de Barnevile, archidiaconé du Bauptois. En 1790, district de Valognes. Aujourd’hui, canton de Barneville-Carteret.

 

A la fin de l’Ancien Régime  - 1751 -  Eglise en bon état. Visite archidiaconale, le 27 juillet, de René-Jean Debordes du Plantis, archidiacre du Bauptois, vicaire général : “(...). L’église, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, n’a pas besoin de réparation urgente, sinon les bants (sic) tant  du choeur que de la nef qui ont besoin d’être racommodés (sic) et qu’on mette à la pluspart (sic) des planches de marchepied. Ordonnons que cette  réparation soit faite pour l’utilité  et décence de l’église. (...)”. (A.E.C., A.D.C. XL).

 

- 1752 - Pavé à réparer. Visite archidiaconale, le 24 juillet, de René-Jean Debordes du Plantis, archidiacre du Bauptois, vicaire général : “(...). Le tablau (sic) du grand autel auroit besoin dêtre changé  vu qu’il est tout effacé et malpropre (...). Il reste toujours  un des autels de la nef sans  décoration et hors  d’état d’y célèbrer (...). Une partie  du pavet (sic) en plusieurs endrois (sic) ont (sic) besoin aussy de  réparation. Ordonnons  que la paroisse y apporte  ses soins,  autrement nous les ferons  auter (sic) de l’église comme indécens (sic). Nous n’avons remarqué  aucune autre réparation urgente. (...)”. (A.E.C., A. D.C. non précisé).

 

- 1758 - Quelques travaux d’entretien à prévoir. Visite archidiaconale, le 13 septembre de René-Jean Debordes du Plantis, archidiacre du Bauptois, vicaire général : “(...). Il faut un tableau nouveau au grand autel, vu que celuy qyi y est, est presque totalement effacé et malpropre (...). Une des chapelles auroit aussi besoin d’estre  répavée et quelques endroits de la couverture de l’église. (..)”. (A.E.C., A.D.C. XLII).

 

- 1765 -  Une église pauvre. Visite de l’archidiacre du Bauptois, chanoine Pierre de Ruallem, le 13 septembre : “(...).  La nef n’est ni voûtée, ni lambrissée. (...).  L’autel de  la chapelle St. Jacques restera toujours  interdit, faute de décoration. (...)”. (A.E.C. - A.D.C. XVII).

 

- 1782 - En 1782, les habitants et les marguilliers déposèrent une requête demandant à être autorisés, par le Conseil, à retenir les deniers provenant du rachat de certaines rentes en vue de l’agrandissement de la nef. (Jean Barros, op. cit., p. 169-170).

 

- 1783 - Couverture de la nef et clocher en mauvais état. Visite archidiaconale, le 2 octobre, du chanoine Pierre de Ruallem, archidiacre du Bauptois : “(...). Nous nous sommes transportés sur les trois heures après midy en l’église paroissialle (sic) de St-Pierre d’Allonne. (...). Le tabernacle est dans le plus mauvais état. Il ne ferme point. Les deux panneaux de côté en sont détachés et l’on ne peut sans indécence et sans s’exposer à des accidents, y laisser séjourner le  St. Sacrement et les vases sacrés.  Nous ordonnons de le faire réparer dans le délay de deux mois au plus tard de manière qu’il soit propre et sûr, faute de quoy et led. délay passé, il demeurera interdit et nous déffendons  (sic) que l’on s’en serve. (...). Le tableau du grand autel est déchiré en plusieurs endroits. Les deux statues de la              Ste. Vierge et de St. Pierre (1), placées près dud. tableau, sont vielles (sic), mutilées et indécentes. Nous ordonnons de les ôter et d’y en faire mettre  deux neuves à la place. (...). Les murs du choeur sont tachés et malpropres. Il est nécessaire de les faire regratter et blanchir. (...). La table de l’autel Ste. Brigitte est trop basse et la pierre sacrée se trouve avoir  trop d’élévation, ce qui peut occasionner des accidents pendant la célébration de la Ste. Messe. Nous ordonnons de revêtir  led. autel d’une table en bois - et ce dans le délay de six mois au plus tard, faute de quoy et le délay passé, led. autel demeurera interdit. (...). Les bors (sic) en carreau de la cuvette des fonts sont emportés en sorte qu’ils  ne peuvent fermer exactement.  Nous ordonnons de les faire réparer dans le délay  de six mois au plutard (sic) (...). L’aire de la nef autour des fonts, qui n’est pas pavée dans cette partie, est rabotteuse et remplie de fossés. Nous ordonnons de la faire remanier et consolider, de manière qu’elle soit remise de niveau. (...). La couverture de la nef est prête à corruer. Les pièces de charpente sont en plusieurs endroits, détachées les unes des autres.  Les eaux pénètrent et se répandent dans l’église : plusieurs parties des murs de la nef sont lézardées.  Il est nécessaire de refaire à neuf la couverture de lad. nef et de faire visiter les murs d’icelle pour s’assurer s’ils peuvent être réparés. Nous ordonnons à la Communauté d’y faire faire les réparations  nécessaires et ce dans un délay d’un an au plus tard, faute de quoy et led. délay passé, lad. nef demeurera interditte (sic). Le clocher a été endommagé par le tonnerre. Il est nécessaire de le faire réparer (...)”. (A.E.C., A.D.C. XVII).

 

- 1787 - “Le Sr. De Précorbin (2), curé de St-Pierre-Dalonne (sic) dit que la nef et le clocher de son église ont besoin de réparations les plus urgentes. Il demande qu’il soit fait  un détail estimatif de ces réparations. (...)”. (A.D.C., C 1352).

 

Pendant la Révolution - “(...). Tous les renseignements recueillis constatent que l’église  fut complètement  dévastée. Le agents du district ne respectèrent rien : un seul ornement (chasuble) fut conservé. (...)”. (A.E.C., Prosper Duval , curé de Saint-Pierre-d’Allonne de 1865 à 1873.  C E 66).

 

Après le Concordat - 1802 - “Depuis 1804 jusqu’en 1825, l’église de St-Pierre fut abandonnée. Ce ne fut qu’à cette dernière époque qu’elle fut reconstruite et réparée par les soins et la générosité des paroissiens  qui obtinrent du Gouvernement qu’elle fut érigée en succursale”. (Ibid.).

 

- 1804 - L’abbé Laisney est au centre d’un conflit entre les deux paroisses réunies dont il est le curé : Carteret et Saint-Pierre-d’Allonne. Le Secrétaire général de l’Evêché a reçu des lettres des autorités municipales de Carteret affirmant que ce prêtre ne veut pas venir  habiter à Carteret parce qu’il a des biens dans l’ancien presbytère de Saint-Pierre-d’Allonne et elles craignent qu’il ne veuille y demeurer et ainsi faire transporter  à Saint-Pierre le titre de succursale qui a été attribué à Carteret. Voir à la notice (3) consacrée à Carteret le début de cette affaire. Dans une lettre du 12 mars an 12, l’abbé Laisney expose  son point de vue au Secrétaire général et à propos de Saint-Pierre-d’Allonne, il écrit : “(...). L’église de Saint-Pierre (est) presque contiguë de celle de N-Dame, mais  (...) cette  dernière est placée  sur le territoire même de St-Pierre, par dessus lequel il faut nécessairement passer  pour se rendre à l’église Notre-Dame dans cette même commune. (...). L’église de St-Pierre est vaste et susceptible  d’accroissement facile. Dans son état actuel, elle peut contenir 800 à 1000 personnes. Elle est en assez bon état et pourvue de tous les ornements convenables à la décence du culte.  La commune a, de plus, le précieux  avantage d’avoir conservé son presbytaire  (sic) qui est en très bon état. Toutes ces considérations, Monsieur l’abbé, me portent donc à donner la préférence à l’église de St-Pierre sur celle de Carteret pour en faire le chef-lieu des deux communes réunies. (...)”. (A.E.C., Saint-Pierre d’Allonne, Série P.).

 

                Bien entendu, le maire, l’adjoint et les membres du Conseil municipal de Saint-Pierre appuient  ce point de vue et  pétitionnent auprès de l’évêque de Coutances en faveur de leur     église !  (Supplique non datée).  (Ibid.).

 

                Mais un billet, non daté, vraisemblablement du secrétariat de l’Evêché, accompagne ce dossier et précise l’opinion de l’évêque : “L’église de Carteret doit être le chef-lieu de réunion, mais l’évêque  observe que la réunion des deux églises de St-Pierre-d’Allonne et de N.-D.-d’Allonne seroit bien plus convenable, vu que les églises de ces deux communes sont situées dans le même cimetierre (sic), et que l’une de ces deux églises est en ruine totale”. (Ibid.). Cette dernière mention est en contradiction avec les informations du rapport  Montalivet-Clément pour lequel les deux églises  sont “en bon état” et elle ne précise pas  laquelle des deux églises  est en mauvais état.

 

- 1818 - Les deux communes d’Allonne et de Saint-Pierre-d’Allonne  sont réunies  en une seule commune sous le nom des Moitiers-d’Allonne.

 

- 1825 - Ultimatum à la municipalité des Moitiers-d’Allonne. L’église de Saint Pierre est érigée en succursale et à  cette occasion, la fabrique adresse  un véritable ultimatum  à la municipalité :  (...). Considérant que d’après l’ordonnance  royale en date du 12 mai 1825 qui érige l’église de St-Pierre-d’Allonne  succursale, la réintègre dans tous ses droits,  voyant l’état de dépérissement  où elle se trouvait  alors et les grandes réparations  qui y sont nécessaires, nous nous sommes réunis  à l’effet de réclamer

                1°- Le presbitère et dépendances de St-Pierre, (...).

                 (...). 3°-  Considérant  que la fabrique de St-Pierre d’Allonne et celle de Notre-Dame d’Allonne n’ayant plus aucun rapport, nous demandons qu’il nous soit présenté  copie du budget des rentes des deux fabriques  de manière à ce que chacune  d’elle puisse connaître  et percevoir ses droits suivant les titres qui en font foi,

                4°- Considérant que l’ancienne fabrique  de St-Pierre avait  déposé provisoirement tous ses objets  à celle de Notre-Dame en attendant  le rétablissement définitif de son église, nous demandons que le procès-verbal  de ce dépôt nous soit  remis sous un récépissé,

 

                5°- Nous  demandons le procès-verbal des compte-rendus  par Mr Mauger lorsqu’il a cessé  d’être maire, et l’état  des sommes qui appartenaient  à notre fabrique à cette époque et signé de lui, y  compris une somme de 854 f., dûs à cet (sic) époque, sans emploi, qui était destinée  par le Conseil municipal et la fabrique pour servir aux réparations de l’église  de St-Pierre dont l’on faisait la demande à l’autorité supérieure”. (A.D.M., Arch. dioc., 300 J 564/39).

 

                Cette nervosité de la fabrique vis-à-vis de la municipalité s’explique par la crainte de voir  l’église démolie ainsi que celle de Notre-Dame-d’Allonne  pour en reconstruire une  seule  pour  les

deux paroises qui ont donc été réunies  en 1818, C’est ce que fait  connaître une lettre du ministre des Cultes à l’Evêque de Coutances (23 mai 1825) : “Monseigneur. Les habitants de l’ancienne paroisse de St-Pierre-d’Allonne, après avoir dépensé plus de 20 000 francs pour faire reconstruire leur église, ont demandé qu’elle fut érigée en succursale. L’un d’eux  a offert de donner une rente de 1 000 f. à la future fabrique, pour être appliquée au traitement du desservant. Ce louable effort m’ont paru devoir être encouragée. (...).  Le Conseil municipal proposait d’ordonner la démolition des églises de Notre-Dame et de St-Pierre-d’Alonne et la vente  des biens communaux, à l’effet  de pourvoir à la dépense de construction d’une seule église vaste pour contenir  la population de deux paroisses. Il ne pouvait être dans vos intentions ni dans les miennes  de prescrire la démolition d’une église neuve qui vient de coûter 20 000 f. De son côté, le Ministre de l’Intérieur n’aurait certainement pas consenti  à faire approuver une opération ruineuse  pour la commune, qui aurait enlevé toutes ressources aux habitans  les plus malheureux qui doivent avoir un droit d’usage dans les biens communaux  dont la vente était proposée (...)”. (Signé :  + Ev. Hermopolis).  A.E.C.,  Saint-Pierre-d’Allonne, Série P).

 

- 1908 - La paroisse est supprimée.

 

- 1921 - L’église est démolie - sauf le clocher qui, depuis 1866, était classé comme servant d’amer pour la marine.

 

BARROS (Jean), « Sénoville », Le canton de Barneville-Carteret (Côte des Isles), Valognes, éditions de la côte des Isles, 1991, tome 1, le patrimoine, p.165-207.

 

RENAULT, Notes historiques et archéologiques des communes de l’arrondissement de Valognes, Annuaire de la Manche, 40e année, 1868, p. 31-34.

 

GUIBERT (docteur Michel) : Les églises du département de la Manche de 1750 à 1820, Société d'Histoire et d'archéologie de la Manche, 2000, collection Etudes et documents, 24 (1), tome 1, vol.1, p. 173-176.

 

 

 

Notes Josiane Pagnon, pour la caoa 50, 2009