BLOSVILLE

 

Abréviations,

- A.E.C. : Archives ecclésiastiques de Coutances

SOURCES

ADM, Livre paroissial d’après les notes de M Villette, curé de la paroisse, 1867

ADM, Registre paroissial de 1887 à 1906, sous la cote 300 J 21/1

ADM, Dossier communal de Blosville

AEC, Conférences ecclésiastiques de 1866 – 1867

AEC, Dossier paroissial P 59

AEC, Visites Archidiaconales, Doyenné du Plain

Pas de livre paroissial

  1. Sources manuscrites

I - De 1789 à la Séparation de l'Eglise et de l'Etat

REGISTRE PAROISSIAL 1887 – 1906 - (AD, cote 300 J 21/1)

10 février 1889 : "Le conseil maintient son autorisation d’ouvrir une porte à la sacristie, de faire poser une rampe de communion (…) et de faire des réparations au presbytère (plinthes pourries et étagères de placards remplacer, serrures et fenêtres et papier pour tapisser)".

Compte courant (années 90 – 91) : Dépenses : Réparation de vitraux : 25.

1893 : "Monsieur le Président a proposé de faire adopter la réparation de l’ancienne armoire, tous les membres ont été de son avis".

8 juillet 1900 : "Monsieur le Curé expose l’état lamentable dans lequel se trouvent le linge de l’Eglise, les vases sacrés, le tabernacle et les ornements d’une part ; et le toit de la nef de l’Eglise usé, les murs délabrés, de l’autre. Le conseil de fabrique, vu l’impossibilité de faire des dépenses mêmes les plus urgentes ne peut donc pourvoir à la restauration des murs et du toit de l’Eglise, c’est pourquoi ; après avoir réfléchi, et confiant dans la solidarité du conseil municipal, elle prie instamment le dit conseil municipal de bien vouloir se charger des réparations du toit et des murs de l’Eglise."

Budget de 1901 : Dépenses : Ornements et vases sacrés : 120

Séance du 30 décembre 1900 : "M. Poisson donne ensuite communication au Conseil de plusieurs factures émanant des maisons Lethimonnier de Valognes, Heurtaux de Villedieu les Poëles, Dopard de la Motte de Valognes et de la Congrégation Notre-Dame à Carentan, pour fournitures d’ornements et vases sacrés, donnant un total de 267 francs et 40 centimes, alors qu’un crédit de 141.30 seulement figurait pour cet objet au budget de 1900. Il demande au Conseil de vouloir bien se prononcer sur cette dépense. Le Conseil, considérant qu’avant de se livrer à des achats d’ornements et vases sacrés dont le prix dépasse près de moitié le crédit prévu au budget de 1900. M. le Curé aurait dû demander l’autorisation au Conseil de fabrique de faire cette dépense, lequel avait seule qualité d’en décider. Considérant que dans un but de conciliation, le Conseil est d’avis qu’il y a lieu de prendre à la charge de la fabrique, la dépense de 267 francs 40 centimes faite par M. le Curé pour achat d’ornements et vases sacrés, mais à la condition qu’un semblable fait ne se reproduise pas dans l’avenir."

28 avril 1901 : Règlement de l’exercice 1900 : Note Lethimonier : 49.35

Note Congrégation Notre-Dame : 64.65

Note Heurtaux : 45.40

Réunion du 28 octobre 1901 : "Considérant que la fabrique ne possède en ce moment aucun fonds libres pour contribuer à la restauration de l’Eglise et qu’il y a lieu de recourir à un emprunt , par ces motifs, vote une somme de dix huit cent vingt francs comme part contributive de la fabrique."

Réunion du 22 juin 1902 : "désignation et acceptation par la Préfecture de M. Lamoureux agent [voyer ?] à Sainte-Mère Eglise à remplir les fonctions d’architecte pour surveiller les travaux de réparation de l’Eglise."

LIVRE PAROISSIAL (d’après les notes de Mr Villeret, curé de la paroisse entre 1850 et 1867)

L’Eglise paroissiale de Blosville dédiée à Notre-Dame. Anciennement les paroissiens reconnaissaient pour deuxième et troisième patrons Saint Nicolas et Saint Jacques. Une chapelle était dédiée à Saint Jacques ; elle a été détruite pendant la Révolution, en 1793.

Sacristie construite aux frais de Thomas Le Gouix en l’an mil sept cent seize pour la somme de quatre vingt livres cent sous pour le vin du Marché ( ?), plus un pot de cidre pour chacun des ouvriers (…). Les ouvriers qui l’ont construit étaient Jean et Jacques Leridy maître-maçons de la paroisse de Picauville.

Les trois piédestaux qui existent dans le pignon étaient destinés à recevoir les statues de la sainte Vierge, de St Dominique et de Ste Rose qui s’y trouvoient encore au moment de la Révolution. La charpente et le plancher de la sacristie ont été faites et placées dans la même année aux frais de Monsieur Le Gouix la Couture, pour la somme de deux cent cinquante livres, plus vingt livre payés par Monsieur Poulain prêtre au nom du trésor de l’Eglise. L’ouvrier en était un nommé Guillaume Gauvin ( ?).

Le grand autel avec gradins, tabernacle avec exposoir dessus et couronne impériale pour le St Sacrement, celle qui n’existe plus depuis la Révolution , cadre pour le tableau. Les deux poutres de la sacristie ave leurs accompagnements, piédestaux, colonnes, corniches, architraves et frises avec deux figures et statues de cinq pieds et demi, l’une de St Thomas apôtre et l’autre de Ste Barbe à la dite contretable de vingt trois pieds et demy de hauteur et de seize pieds et demi de largeur, a été fait par Luc Bidot sculpteur de la ville de Saint-Lô pour la somme de mille livres payés par Monsieur Thomas de la couture Le Gouix ; Monsieur Pierre Dairou alors Curé de Blosville s’obligeant en plus à nourrir et loger le Sieur Bidot et les ouvriers pendant dix huit mois à ses propres frais.

Le grand autel a été fait en mil sept cent seize.

Donc, l’année mil sept cent dix huit, Monsieur Thomas de la couture Le Gouix fit faire encore à ses propres dépenses par le dit Sr Luc Bidot sculpteur et architecte les deux petits autels dans le haut de la nef sur le modèle de celui du chœur ; de plus à la place d’une balustrade qui fermoit le chœur, il fit placer deux stales de chaque côté avec les priedieu de devant, à l’instar de ceux de Picauville. Sur les deux piédestaux, faisant les deux côtés de l’entrée du chœur il fit faire une corniche ( ?) à double face avec ornement sur laquelle se trouvait un crucifix de cinq pieds de hauteur.

"Dans la même année encore il fit construire par le même ouvrier la chaire et le lutrin ( ?) tel qu’il est aujourd’hui. Le tout pour la somme six cent francs. Mais Mr le Curé Pierre Dairou s’obligea en outre à nourrir les ouvriers tout le temps nécessaire à ces travaux.

Dans l’année mil sept cent dix neuf, Mr Thomas de la couture Le Gouix fit peindre et dorer, tels qu’ils sont encore aujourd’hui pour la somme de mille livres et vingt livres pour le ( ?), le grand autel, la cloison du chœur (elle n’existe plus depuis la révolution) et les petits autels par Mr Jean Baptiste Daubin peintre et doreur de la ville de Lisieux. Mr Dairou s’étoit en plus obligé de nourrir le peintre et de le loger pendant tout le temps nécessaire au travail (…)".

"Le tableau du maître-autel représentant l’Assomption de la Ste Vierge qui a été remplacé il y a quelques années, avoit été donné par Mr de la couture Le Gouix, il avait été peint en 1718 par Monsieur Fillemint de Valognes et avoit coûté deux cent livres. Le même peintre peignit également l’année suivante et toujours aux frais de Mr de la couture les quatre petits tableaux des deux petits autels de la nef. Les deux figures, l’une de St Joseph et l’autre de St Roch du haut des deux contretables et enfin les deux poutres de la sacristie représentant l’une St Pierre et l’autre St Paul. Le tout pour la somme de quatre vingt six livres."

"Depuis longtemps l’Eglise de Blosville possédait trois cloches : nous voyons en effet que dans l’année mille six cent soixante quatorze Mr Germain Le Rosier étant curé de Blosville on les refondit de nouveau. Cependant en mil sept cent dix neuf soit qu'elles fussent cassées ou qu'on ne les trouva pas assez fortes Mr de la Couture en donna trois qui furent fondues par un nommé Claude Jonchon pour la somme de deux mille livres. La Révolution s’en est emparée."

"Le clocher de l’Eglise possède une horloge qui fut achettée en l’année mil sept cent soixante treize par Monsieur Langlois Curé de Blosville, d’après les vœux et désirs des paroissiens."

"La croix du cimetière a été faite édifier d’après une inscription qui se trouve sur le côté nord du piédestal par Messire Pierre Le Gouix, grand-père de Thomas Le Gouix Sr de la couture en l’anné mil six cent trente cinq. Le croisillon en fut brisé en 93 par les mains de l’impiété."

Concernant les objets disparus lors de la Révolution :

1792 : "Le seize de septembre Monsieur François Bertin prêtre habitué à Blosville prêta pour la 4 fois le serment demandé (…). Les 29 octobre l’argenterie de l’Eglise de Blosville est portée au district de Carentan ; elle se composait 1° D’une lampe massive en argent pesant sept livres neuf once et demi 2° D’une croix également en argent pesant cinq livres deux quart. 3° D’un plateau et deux burettes en argent pesant une livre trois once. 4° D’un encensoir et d’une navette en argent pesant ensemble quatre livres . Sans en ( ?) donnerant ( ?) à la pesée qui en fut faite au district, trente deux marcs, cinq onces et deux grain d’argent (…)."

1793 et 1794 : "Le 5 mai on achète pour l’Eglise une lampe, une croix, deux encensoirs d’argent haché."

"Le 20 octobre on enlève de l’Eglise de Blosville 6 chandeliers du grand autel, 4 petits chandeliers aux petits autels, 8 girandoles ( ?), 1 croix, 1 bénitier, 1 ( ?), 14 flambeaux, 2 petites pour les acolytes, 2 girandoles ( ?) en cuivre, 1 croix, 1 bénitier en cuivre, 1 encensoir avec navette, 1 lampe, 3 petites croix pour les autels. Mais les habitants ayant demandé qu’on les laissât à l’Eglise obtinrent provisoirement leur demande."

"Le 29 ventose, il est arrêté qu’on portera au district de Carentan tous les galons tant en or qu’en argent, tirés des ornements avec 1° l’argenterie : 1 soleil, 2 calices, 2 ciboires, 2 patènes 2° l’argent haché : 14 flambeaux, 2 pour acolyte, 2 girandoles, 1 croix, 1 encensoir et sa navette, 1 bénitier, 1 lampe, 3 petites croix 3° le cuivre : 10 flambeaux, 2 girandoles, 1 croix, 1 bénitier, 1 rechaux ( ?), 2 boîtes à huile de plomb, 2 chandeliers encuivre de la chapelle St Jean et 1 plat de terre."

"Le 2 floral, le conseil arrête que l’on portera dans une charrette à trois chevaux les chappes, chasubles, tuniques, aubes, linges et autres meubles de la cydevant Eglise. Le même jour il est arrêté que les ( ?) titres et charges qui peuvent donner connaissance des biens et rentes appartenant à l’Eglise seront portés au district."

"Le 23 pluviose 3ème année de la République, vente des meubles de la cydevant chapelle St Jean."

Etat de Blosville depuis la Révolution :

"L’Eglise de Blosville n’avoit pas été vendue mais il n’en avoit point été ainsi de son mobilier. "

"Il y étoit resté une cloche, mais les autels avoient été vendus à un sieur Guillaume Quesney de Marville ( ?) qui s’en étoit rendu adjudicataire ainsi que du lambris d’autour du chœur, des stalles et du confessionnal pour la somme de cent quatre vingt quatre francs et qui les ayant laissé à leur place pendant tout ce temps de désolation, voulut bien les rendre à l’Eglise selon le vœu des paroissiens moyennant le remboursement de cette somme. "

"La perche du crucifix avoit été brisée ainsi que la croix et le Christ. Les fabriciens ( ?) s’adressèrent à un sculpteur de Cherbourg nommé Savary qui construisit sur le modèle de celle de l’Eglise de Cherbourg ( ?) dit aux archives de l’Eglise de Blosville, la perche qui se trouve aujourd’hui dans cette Eglise (1805), le tout pour la somme de deux cent cinquante francs".

"Le lambris du côté gauche du chœur avait été détruit, il fut remplacé assez mal pour la somme de cent francs. Tous les vases sacrés et ornements avoient été envoyés au district par les autorités patriotes ( ?) de l’endroit ; il fallut donc s’en pourvoir de nouveau. Quant au presbytère et à la ( ?) de terre nommé l’Entretenant, il n’avoit point été vendu, il avoit été seulement loué au trop fameux Miguot ( ?), maire qui l’avait mu dans le plus déplorable état".

(…) "Après le Concordat Mr Delestre Curé ( ?) de Boutteville où il avait passé la révolution fut nommé curé de Blosville(…). Monsieur Delestre faute de ressource ne fit aucune réparation au presbytère qui pourtant était dans un grand délabrement ; il se contenta et ne put faire que les réparations les plus urgentes de l’Eglise et de la meubler d’ornement et des vases sacrés nécessaires".

1827 : "La nouvelle cloche est bénie. L’ancienne cloche fondue par les soins de Mr Dairou Pierre de Blosville l’an 1716 avoit été fêlée, on ne sait trop comment, soit en carillonnant, soit en sonnant avec un battant trop prolongé l’applati ( ?) par le bout, ce qui le faisoit sonner tout le long du paroi intérieur de la cloche. C’est le sentiment le plus probable et surtout ( ?) du fondeur qui paroit un habile artiste".

1841 : "Enfin en mil huit cent trente neuf Mr Regnault fit la démission de la Cure de Blosville, démission qui fut acceptée par l’autorité Episcopale, mais il ne quitta pas la paroisse (…). En 1841 il donna le tableau du maître autel , une grande partie du prix de la bannière et du dais nouveau".

Entre 1841 et 1848 "Les bancs de la nef et du chœur de l’Eglise étoient dans l’état le plus déplorable, Mr L’hotelier (successeur de Mr Regnault) demanda et obtint du Conseil de la fabrique que l’on en construisit partout de neufs tels qu’ils sont aujourd’hui. Ils ont été construits, ceux du chœur par le Sieur honoré dit Elie de Ste Marie du Mont, natif de St Sauveur le Vicomte. Ceux de la nef par ( ?) menuisier également de Ste Marie du Mont ? Les vingt et un bancs de la nef ont coûté cinq cent quatre francs. Pour ceux du chœur nous n’en connaissons pas le prix, Mr L’hotelier n’ayant laissé aucune note.

Par ses soins furent achetté, comme nous l’avons déjà dit la bannière, le dais, la croix de procession et plusieurs chasubles, les prix en sont restés inconnus".

1850 "L’Eglise étant dépourvue de chappes propres et convenables, Mr Vilette (successeur de Mr L’hotelier), obtint du conseil de fabrique que l’on en achetât quatre assez belles et qui coûtèrent trois cent soixante francs".

  1. "Il n’y avoit dans l’Eglise de Blosville aucune Confrérie érigée, elle étoit même dépourvue d’un Chemin de Croix. M le Curé crut qu’il étoit très salutaire de donner à ses paroissiens ce nouveau moyen de sanctification. Il eut bientôt en quelques quêtes ramassé une centaine francs. Le 10 du mois d’octobre de l’année mil huit cent cinquante deux le Chemin de Croix fut solennellement établi dans l’Eglise de Blosville par Monsieur Guisnon chanoine honoraire du Diocèse de Coutances (…)".

Vers 1857 "L’Eglise de Blosville ne possédoit qu’un ostensoir très simple et très peu solide ; il falloit nécessairement le remplacer. Mr Vilette envoya messieurs les fabriciens a achetter celui qu’elle possède aujourd’hui. Il est en fer forgé et doré ; il a été achetté chez Mr Peslin orfèvre à Avranches et coûté deux cent quatre vingt francs.

La même année, la fabrique achetta également chez Mr Deslaye ( ?) un drap de dais ( ?) avec croix blanche pour le prix de soixante dix francs. De plus une chasuble verte soixante cinq francs puis enfin, l’aigle lutrin du chœur, chez le même marchand pour la somme de deux cent quatre vingt francs".

  1. "Dans l’an mil huit cent soixante sept le conseil de la fabrique fit remplacer les (vitraux ?) du chœur de l’Eglise ainsi que celle de la Ste Vierge dans la nef qui toutes tomboient en ruine par des vitrages en grisaille faites par Monsieur Langlois de Valognes pour la somme de cinq cent soixante seize francs".

DOSSIER PAROISSIAL P 59 (AEC)

Lettre de 1883 annonçant la mort du curé, Mr Davy : il laisse une église en assez bon état et un presbytère tout neuf, mais malheureusement en partie à payer.

Lettre de 1889 annonçant la mort du curé, Mr Cousin : il laisse une charmante paroisse : église bien pourvue, très beau presbytère tout neuf.

II - De la Séparation de l'Eglise et de l'Etat à nos jours

Compte-rendu de l’Inventaire de la séparation, datant du 6 mars 1906 :

"A 9 h 17 minutes, arrive le garde-champêtre. L’opération commence, Monsieur le Maire plein d’activité s’empresse de parcourir la nef et de compter les bancs. Il indique le nombre des statues, le chemin de croix et tout ce qui se trouve sur les deux autels latéraux. Il est facile de remarquer que Mr le Percepteur voudrait hâter cette triste besogne et oublier volontairement queques objets. Mais Mr le Président des Marguillers a l’œil et fait de temps en temps signe à Mr le Maire que tel objet n’est pas inventorié. L’inscription de tout ce que contient l’Eglise étant prise très minutieusement, Mr le Maire se rappelle que la perche du crucifix et le Christ n’ont pas été inscrits, il en avertit bien vite Mr le Percepteur. Celui-ci me paraît ennuyé de se voir si sévèrement épié. Nous entrons dans la sacristie. Là, nos deux témoins paraissent plus chez eux et se montrent plus empressés. Les ornements de l’Eglise ; les chapes surtout sont brutalement jetées par terre, pêle-mêle et comptées à plusieurs reprises. En présence d’un tel désordre, M le Percepteur aide lui-même à replier un peu les chapes. Tout à coup, M le Président des Marguillers s’aperçoit que quatre belles chapes de [ ?] à l’état de neuf, ne sont pas là. Il les faut, à tout prix il les faut. Ces Messieurs n’osent cependant pas me poser la question ; le garde-champêtre est envoyé chez le sacristain. Le brave homme arrive, un trousseau de clefs à la main, et d’un air très timide répond : les chapes noires sont dans une chambre du Presbytère. Soupirs et soulagement : Tout dans la sacristie a été mis en note et il était curieux de voir M le Maire, se baisser pour regarder sous les meubles, quelques fleurs en papier de nulle valeur et bonnes à être jetées au fumoir ont dues être inventoriées. Seize cierges de cinquante centimes ayant servi pour une inhumation ont été compté par M le Maire lui-même. L’armoire à trois clefs n’a pas été ouverte, mais parce qu’il aurait fallu la briser ou envoyer à S Mère-Eglise chercher la troisième clef. L’ostensoir , les vases sacrés et les burettes contenant les Saintes Huiles ont été présentées par moi et inscrites sous ma dictée.

Si ma présence, Monseigneur, a pu gêner ces trop fameux témoins qui ne craignent pas d’affirmer à haute voix, en jubilé, qu’ils sont heureux de voir le gouvernement s’emparer de tout cela : les curés ne feront peut-être pas tant d’embarras maintenant ! !

Monseigneur, la mentalité de la commune de Blosville est écoeurante. L’Inventaire a pris fin à 10 h ½…."

Signé [J ?] [Lemaître ?] curé de Houesville.

B - Sources imprimées

DOSSIER COMMUNAL (A.D.)

Article de La Presse de la Manche du 29 décembre 1954 : Thomas le Gioux, sieur de la Couture et son épouse, sont les fondateurs de la paroisse ; leurs deux patrons Saint-Thomas et Sainte-Barbe, sont dans la vieille église N.-D. de l’Assomption tombant en décrépitude, où l’on trouve encore trois rétables peints, une chaire, un confessionnal, et une statue de Saint-Jean-Baptiste assez remarquables. Le chevet de l’église porte cette inscription : " Nescitis dien, neque horam ", dont on donne la traduction suivante – assez libre, mais poétique – " Tous ces morts ont vécu ; tu vis et tu mourras. Le jour terrible approche et tu n’y penses pas. "

Article de La Manche Libre, édition de Cherbourg, 13 septembre 1959 : A tout seigneur tout honneur : notre vieux clocher enfin restauré et rajeuni par les soins d’une entreprise active et sérieuse semble maintenant vouloir se redresser fièrement face aux regards de la population (…). Il serait temps maintenant d’entrer à l’intérieur de l’église pour la rendre un peu plus accueillante, aussi bien pour l’habitué des Offices, que pour le visiteur qui passe. Il est question de remplacer les vieux bancs de la nef : ce sera une bonne réalisation. On pourrait profiter de l’occasion pour reblanchir les murs (…).

Article de La Presse de la Manche du 24 mai 1963 : Quelques travaux de restauration ont été réalisés à l’église, notamment à la tour : deux vitraux représentant Saint Paul et Sainte Barbe ont été posés dans le chœur en 1954, et les cloches ont été électrifiées.

Article Le Trait d’Union, édition cantonale de Sainte-Mère-Eglise , novembre 1965 : Travaux aux églises : A Blosville : plus d’échafaudages, finies les démarches et terminées les communications téléphoniques, l’église nous est enfin rendue : ce qui devait être fait en deux mois l’a été en deux ans. Merci aux équipes qui ont œuvré pour lui rendre sa beauté primitive après l’avoir sérieusement consolidée (architecte, entrepreneur et ouvriers de spécialités diverses) (…). A quand la bénédiction des vitraux et des travaux ?.

(…) Un merci tout spécial à M. Bataille du magnifique travail qu’il a réalisé sur l’autel principal et qu’il poursuit actuellement sur les deux autres. (…). Quant aux vitraux, faut-il encore en parler ? … Nous attendons aussi l’argent pour les payer… Restent encore à trouver 2.100 F.

Article Le Trait d’Union, édition cantonale de Sainte-Mère-Eglise, juin - juillet 1966 : Bénédiction des travaux et des vitraux de l’église de Blosville.

 

Sainte Barbe

Iconographie de l’Art Chrétien, Iconographie des Saints. Louis Réau, tome III, 1955, pp. 169 à 177

 

Compilée tardivement, au Xème siècle, par Siméon Métaphraste , la Passion de cette sainte orientale fut popularisée en Occident au XIIIème siècle par l’archevêque de Gênes, Jacques de Voragine, dans la Légende dorée.

Fille du satrape Dioscure, elle serait née à Niocomédie sur la mer de Marmara. Afin de la soustraire au prosélytisme chrétien, son père l’enferma dans une tour qui n’était éclairée que par deux fenêtres. Néanmoins elle trouva moyen, grâce à un subterfuge, de recevoir l’enseignement d’un prêtre envoyé par Origène qui se fit passer pour médecin et qui, après l’avoir instruite de la religion chrétienne , lui administra le baptême. Pour manifester sa foi dans la Trinité, elle perça dans les murs de sa prison une " tierce fenêtre ".

Fête le 4 décembre.

Sa popularité en Occident ne date que du XVème siècle. Elle était particulièrement honorée en France dans les provinces de Normandie et de Bretagne.

Protection contre la foudre et la mort subite (son bourreau, qui était son propre père, fut frappé par le feu du ciel après l’avoir décapité).

Attributs : Palme du martyre et couronne, la tour, une plume de paon, un ciboire surmonté d’une ostie (rare en France).

 

Saints Imaginaires, Dévotions populaires. Seguin, Revue de l’Avranchin, T. 22, n° 135, 1927, p. 109.

 

En 1716, un bon ménage, Thomas et Barbe Le Gouix, offrirent à l’église de Blosville (M.), de grandes statues de leurs patrons. Il est regrettable d’ignorer le nom du sculpteur, car sainte Barbe est habilement traitée sur bois ; la facture, le large évidemment pratiqué à l’arrière, laissent supposer une provenance étrangère à la région.

Saint Thomas

 

Iconographie de l’Art Chrétien, Iconographie des Saints. Louis Réau, tome III, 1955, pp. 1266 à 1272

 

Apôtre. Les deux traits les plus populaires de sa vie romancée dans la Légende dorée sont son incrédulité et son apostolat dans l’Inde.

Son incrédulité se manifeste par deux fois : il douta d’abord de la Résurrection du Christ qui dut, pour le convaincre, lui enfoncer le doigt dans la plaie de son flanc, puis de l’Assomption de la Vierge qui, à l’instar d’Elie montant au ciel, lui jeta comme preuve sa ceinture.

L’incrédulité de saint Thomas lui a valu d’être le patron des juges qui, par profession, ont le devoir d’être méfiants, de faire la critique des témoignages. Il passait pour guérir les maux d’yeux parce que le Christ l’avait guéri de l’aveuglement du cœur.

Attributs : Ceinture de la Vierge, équerre d’architecte, la lance qui fut l’instrument de son martyre.

Ivonne Papin-Drastik / C.A.O.A. Manche / 2000